Choisir le photographe était facile, mais choisir la prise de vue était beaucoup plus difficile. Cela aurait pu être presque tout ce que Valda Bailey a créé, car j’aime tout. Mais j’ai opté pour celui-ci, qui est un peu plus représentatif que certains de ses autres travaux et, à cet égard, s’intègre peut-être un peu mieux dans cette fente. Valda peut ne pas sembler être un choix évident ici, car elle n’est pas connue comme photographe paysagiste, mais une grande partie de son travail est inspirée par le paysage.

Son parcours de peintre se reflète fortement dans ses images, et son processus créatif est presque à l’opposé d’une approche photographique plus traditionnelle – où cette dernière est souvent méticuleusement planifiée et repose fortement sur le fait d’être au bon endroit au bon moment, Valda travaille avec tout ce qui est devant elle et est guidée par l’intuition et l’instinct. Pour citer son site Web : « mon flux de travail est un flux de conscience instinctif qui se promène à travers la forme et la couleur, la lumière et l’ombre, le rythme et le flux, et une imagination débridée, où chaque décision que je prends est basée sur le résultat de la dernière ». C’est un processus totalement immersif où les possibilités sont apparemment illimitées.

Dans cette image, nous avons un petit arbre avec ce qui pourrait être une chute d’eau en arrière-plan et des embruns ou de la pluie tout autour. Comme Valda travaille avec la double exposition et les couches, il est fort probable qu’il s’agisse d’un composite de plusieurs plans qui se réunissent pour former une impression – ce n’est pas un paysage que vous pouvez visiter, mais un paysage de l’imagination qui existe à un niveau différent.

Cette image satisfait à bien des égards. Tout d’abord, il est magnifiquement équilibré. La colonne blanche de ce qui pourrait être une cascade est contrebalancée par la forme verticale de l’arbre sombre, mais la distorsion et l’asymétrie du petit arbre ajoutent de l’intérêt. Le jet blanc en haut à gauche s’oppose au mouvement des branches droites de l’arbre et ajoute à nouveau de l’équilibre. Les textures sont également merveilleusement satisfaisantes, des «rayures» blanches du spray aux textures complexes des rochers et des éboulis au premier plan.

L’image est carrée et la cascade (si c’est ce que c’est) et l’arbre sont assis ensemble en son centre, bien qu’individuellement ils soient décentrés. Cela aurait pu conduire à une image plutôt statique, mais au lieu de cela, cela stabilise les embruns, le vent et la pluie tourbillonnant sauvagement qui entourent l’arbre.

Mais surtout, ce sont les sentiments que l’image évoque qui la rendent attrayante. À première vue, c’est un peu inquiétant et il pourrait même y avoir une tempête qui se prépare. Il y a quelque chose de très sombre en arrière-plan – une falaise ? une tempête qui approche? La palette est sobre, principalement des nuances de bleu, de blanc et de noir, avec quelques touches de bruns plus chauds au premier plan. Le petit arbre a pris une forme déformée, probablement parce qu’il a été secoué par les éléments, et peut-être par la cascade elle-même. On dirait qu’il pourrait s’éloigner de la force de l’eau. Il est petit et seul et a probablement du mal à pousser sur un sol pierreux et appauvri. Mais il y a aussi quelque chose d’exubérant à ce sujet – les embruns et l’arbre semblent danser avec le vent.

À première vue, c’est un peu inquiétant et il pourrait même y avoir une tempête qui se prépare. Il y a quelque chose de très sombre en arrière-plan – une falaise ? une tempête qui approche? La palette est sobre, principalement des nuances de bleu, de blanc et de noir, avec quelques touches de bruns plus chauds au premier plan.

La lumière qui semble exsuder de la «cascade» et se déverser dans le sol autour des racines des arbres, donne un air de transcendance – je vois un soupçon de sublime dans la juxtaposition de vulnérabilité et de puissance.

Sur le plan personnel, cela me parle d’espoir et de la capacité non seulement de survivre, mais aussi de prospérer, dans des circonstances peu prometteuses. Cela me parle aussi de la beauté de la non-perfection – l’image n’aurait pas été aussi efficace si l’arbre avait été droit et symétrique. Cet arbre a un caractère, c’est un individu, il a une histoire.

La photographie est souvent considérée plus comme un métier qu’un art, peut-être parce qu’une grande partie de la photographie vous montre exactement ce que le photographe veut que vous voyiez et dicte comment il veut que vous le voyiez. Bien que cela soit souvent esthétiquement très agréable et ait sa propre place, il n’y a pas beaucoup de place pour l’interprétation, et peu d’ambiguïté et de mystère.

Lorsque la photographie devient art, elle fonctionne comme une conversation entre le spectateur et l’artiste. L’artiste crée l’œuvre et l’offre au spectateur ; le spectateur répond, complétant le dialogue. Quelqu’un d’autre pourrait réagir tout à fait différemment en regardant cette image, car elle lui offre la possibilité de filtrer ses réponses à travers ses propres attitudes, expériences, personnalités et caractéristiques. Ils rempliront les blancs à leur manière, et pour cela, il faut qu’il y ait des blancs à remplir. C’est pourquoi mon intérêt pour la photographie s’est déplacé au-delà des plaisirs esthétiques du cliché techniquement parfait et magnifiquement composé, et vers la photographie en tant que forme d’art, où l’appareil photo n’est que le point de départ à partir duquel l’art est créé, où l’instinct compte plus que la planification. , et où il n’y a pas de règles. Pour moi, Valda Bailey sait exactement comment entamer cette conversation entre le spectateur et l’artiste.